En direct, nous avons tous vu la vieille Dame de pierre se transformer en Stabat Mater Dolorosa, Notre-Dame des douleurs, ravagée par les flammes.
Le vieillard Siméon avait prophétisé à la Vierge Marie qu’une épée lui transpercerait le cœur, annonçant la passion de son fils, le Christ.
En pleine Semaine sainte, si importante pour les chrétiens, c’est une flèche de plomb en fusion qui a traversé le chœur de Notre Dame de Paris, et, dans un même mouvement, le cœur de tous les Français.
Notre profonde reconnaissance va aux Sapeurs-Pompiers de toute l’Ile de France qui ont sauvé cet édifice parfois au péril de leur vie. Leur courage nous édifie.
Notre regard se tourne ensuite vers tous ces bâtisseurs qui, il y a plus de 800 ans, sans même nous laisser leurs noms, ont commencé un chantier titanesque en sachant qu’ils n’en verraient pas la fin. Ils comptent aujourd’hui sur nous pour veiller sur leur œuvre.
Nous pourrions expliquer aux enfants, qui auront certainement regardé ces images violentes, et souvent aperçu les larmes de leurs parents :
- que ce qui paraît solide, acquis, invulnérable, insubmersible est en réalité fragile. Une maison de famille peut brûler, la nature être abîmée, la société française se déliter ;
- que l’Homme ne se nourrit pas exclusivement de pain, de divertissements, de réseaux sociaux… mais aussi d’enracinement, d’accomplissement, de sens, de silence et, osons le mot, de transcendance ;
- que le peuple français sait faire face dans les épreuves et affronter l’avenir avec calme et détermination, qu’il s’est relevé de bien des misères au cours de sa longue histoire.
Soyons sûrs que cette épreuve sera l’occasion de retrouver l’unité du pays dans un élan bâtisseur et fédérateur.
Préserver un héritage
Ne nous y trompons pas. Le but n’est pas uniquement de sauver un monument, aussi précieux soit-il. Il s’agit également de préserver un héritage spirituel et moral, une lumière fragile, à laquelle a droit chaque petit Français du XXIe siècle et des suivants, quelle que soit sa famille.
Pour sa part, l’équipe des Cours Griffon s’est engagée depuis plus de cinq ans dans la réhabilitation d’une autre cathédrale, intellectuelle celle-là, à travers la transmission des savoirs dans la longue tradition française.
Et c’est bien du même combat qu’il s’agit : continuer l’œuvre de civilisation de ceux qui nous ont précédés, pour repousser la barbarie qui menace partout et toujours.
En ces jours douloureux, les croyants auront une prière pour l’unité de leur pays. Et tous les Français pourront relire le célèbre poème If de Kipling :
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
(…)
Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser le rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent ;
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils.
Le Cours Griffon s’unira à l’effort collectif de reconstruction en versant une participation financière. Chacun est invité à s’y joindre selon ses moyens (https://www.fondation-patrimoine.org/les-dons-et-soutiens/faire-un-don?project=7685).